L’Oncopole, issu d’une démarche unique de cocréation du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS) rendue possible grâce à un investissement initial de 15 M$ de Merck Canada, a réuni des acteurs de choix des secteurs de l’innovation, de la recherche et du système de santé et des services sociaux pour développer le programme Innove-Onco. Ainsi, l’Oncopole s’est associé au Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), au Bureau de l’innovation et au Programme québécois de cancérologie du ministère de la Santé et des Services sociaux en collaboration avec l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) pour mettre sur pied ce concours.
L’Oncopole est fier d’annoncer aujourd’hui les récipiendaires d’Innove-Onco. Deux projets porteurs arrimant l’amélioration des pratiques cliniques, l’intégration de l’innovation et la recherche en oncologie, bénéficieront ainsi d’un montant substantiel sur 2 ans. Grâce à la contribution additionnelle de 200 000 $ de GlaxoSmithKline (GSK), le budget total du concours a pu atteindre 1 700 000 $.
Le programme de subvention Innove-Onco, lancé à l’automne 2019, vise à optimiser l’adoption – au sein du système public de santé et de services sociaux – d’innovations en cancérologie. Les deux projets financés utilisent des innovations de nature technologique et organisationnelle, implantées au sein de différents établissements de soins au Québec, qui répondent à un besoin clairement démontré en oncologie. Ces recherches serviront notamment à améliorer l’organisation des soins et la prise en charge des patients. Les projets permettront aussi de mieux comprendre les facteurs facilitant ou limitant l’introduction des innovations, mesurer leur performance dans un contexte réel de soins et juger de la pertinence de leur implantation à plus grande échelle.
A la suite d’une évaluation rigoureuse des demandes, deux projets ont été sélectionnés. Les équipes gagnantes bénéficieront d’un soutien financier majeur sur 2 ans.
L’intégration des résultats rapportés par les patients (RRP) dans les soins de routine en cancérologie : apprendre de leur réelle mise en œuvre dans les centres de cancérologie à travers le Québec
[Sylvie Lambert, PhD, Université McGill, Centre de recherche de St. Mary et Peter Nugus, PhD, Université McGill]
Les patients atteints de cancer peuvent souffrir d’effets secondaires graves dus à leur traitement qui ne sont pas toujours identifiés et traités par les cliniciens. Remplir un questionnaire sur leurs symptômes lorsqu’ils consultent leur professionnel de santé peut améliorer le processus de soins, leur qualité de vie et même leur survie. Un dépistage régulier des symptômes, particulièrement la détresse, est encore peu utilisé dans les centres de cancérologie au Québec.
Partant de ce constat, l’équipe a développé un programme innovant, appelée e-IMPAQc, de dépistage des symptômes qui utilise l’application mobile Opal. Cette technologie sera utilisée dès l’automne 2020 dans cinq centres de cancérologie pour adultes au Québec : St. Mary’s Hospital Centre (SMHC), McGill University Health Centre (MUHC), Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Hôpital de la Cité-de-la-Santé (Cité), et l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR). L’étude proposée est d’identifier les facteurs favorisant et limitant l’intégration de cette innovation dans le système de soins. Ces données permettront de créer un guide pour aider au déploiement de l’application dans d’autres établissements à travers le Québec. L’objectif ultime étant de réduire les souffrances inutiles des patients qui pourront être mieux traités si leurs symptômes sont identifiés.
Quand innovations technologique et organisationnelle vont de pair : Un modèle collaboratif pour rendre l’oncogénétique plus agile, accessible et efficiente
[Hermann Nabi, PhD et Michel Dorval, PhD, Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval]
Grâce à une meilleure compréhension de la biologie des cancers et l’avènement de nouvelles technologies de biologie moléculaire, il est désormais possible d’identifier les gènes de susceptibilité de certains cancers, permettant de préciser un diagnostic ou un pronostic et d’optimiser les traitements anti-cancéreux. Au Québec, comme dans d’autres juridictions, des tests génétiques sont normalement accessibles aux femmes identifiées à haut risque. Cependant, l’accès à ces tests reste un important défi pour les patientes et leurs familles, les professionnels de la santé et le système de santé. En effet, avec des ressources limitées, les services de génétique médicale au Québec se retrouvent dans l’impossibilité de répondre à la demande croissante de consultations en oncogénétique pour le syndrome héréditaire des cancers du sein et de l’ovaire. Les conséquences pour les patients, subissant l’allongement des listes d’attente pour obtenir un rendez-vous, peuvent être graves. En effet, des cancers pourraient être évités chez certains patients et d’autres pourraient bénéficier de thérapies ciblées innovantes.
Pour pallier cette problématique, le CHU de Québec-Université Laval a développé un « modèle collaboratif en oncogénétique » (MCO) basé entre autres sur la collaboration interprofessionnelle et interinstitutionnelle, et des services génétiques diversifiés et personnalisés. Selon les résultats obtenus, ce modèle améliore l’accès aux services de conseil génétique et réduit significativement les délais pour l’accès aux tests génétiques pour les patientes.
L’objectif du projet de recherche est d’identifier et de tirer parti des apprentissages de la mise en œuvre de cette innovation organisationnelle. Les retombées de ce projet permettront d’optimiser l’offre de services en oncogénétique dans les établissements locaux et régionaux du Québec, pour le bénéfice des patientes et de leurs familles. Une équipe interdisciplinaire et multi-institutionnelle (CHU de Québec-Université Laval, CISSS de Chaudière-Appalaches, CISSS du Bas-Saint-Laurent, CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean) de plusieurs régions du Québec composée de chercheurs, cliniciens, conseillères en génétique, infirmières, gestionnaires et patients partenaires mettront à profit leurs connaissances théoriques, expérientielles et méthodologiques pour mener cette recherche. Le projet bénéficie également de la collaboration de chercheurs de l’Université McGill, l’Université de Montréal et de l’UQAR.
Innove-Onco concrétise ainsi une des priorités d’action de l’Oncopole : mobiliser les parties prenantes pour soutenir des projets innovateurs visant à optimiser l’organisation des soins et la prise en charge des patients en oncologie.